De la fondation de l’Abbaye à la Guerre de Cent Ans

v. 1080 : Le moine Roger qui, dit la Légende consignée sur parchemin quatre siècles plus tard par un Bénédictin de l’abbaye, dom Denis Clémence, vient de Savoie s’endort sur la Musaresse et fait un songe dans lequel une étoile lui indique le lieu où il doit fonder une maison de prière sous le vocable de Notre-Dame. C’est le début d’une longue histoire, parfois mouvementée, entre l’abbaye et le bourg qu’elle va développer.
1135 : Henri 1er Beauclerc, duc de Normandie et roi d’Angleterre meurt. C’est lui qui, à la suite de Guillaume le Conquérant, le (possible) fondateur de l’abbaye, a donné au monastère de nombreux privilèges économiques et juridiques pour qu’elle organise l’espace rural environnant et pour que le bourg naissant devienne un lieu actif d’échanges commerciaux. L’aboutissement de cette volonté, ce seront les onze foires qui jalonneront l’année à Montebourg dans la première moitié du XXème siècle, c’est le marché hebdomadaire du samedi qui a attiré tout le Cotentin comme l’atteste le Journal du Sire de Gouberville au XVIème siècle, c’est la foire aux chevaux de la saint-Floxel, réputée jusque dans les bureaux de Colbert au temps de Louis XIV, et c’est l’implantation d’un très fort artisanat lié à l’élevage: bouchers, marchands de suif, et les artisans du cuir, tanneurs, cordonniers, bourreliers…
1152 : Puissance et splendeur à Montebourg: l’abbatiale est consacrée par l’archevêque de Rouen et les évêques de Normandie en présence des abbés des monastères de la province, du futur Henri II Plantagenêt et des grandes familles qui ont fait souche en Angleterre au temps de Guillaume. De cette abbatiale, “la plus belle de Normandie occidentale” de l’avis de l’historien Lucien Musset, professeur émérite de l’Université de Caen et ancien doyen, il ne restera pas pierre sur pierre. La Révolution et la cupidité la raseront jusqu’à la base des piliers.
1250-1266 : visites d’Eudes Rigaud, l’archevêque de Rouen à l’abbaye. Il trouve à chaque fois environ 36 moines (à l’exception de quelques religieux des prieurés, notamment en Angleterre). La gestion est bonne, les moines suivent fidèlement la règle de Saint Benoît (sauf le prieur de Vernon, que l’archevêque menace de sanctions), et ils pratiquent régulièrement l’aumône auprès des pauvres, des pèlerins et des errants.
1329 : le bourg a peut-être 1 500 habitants et l’abbé Pierre Ozenne, un Montebourgeois qui est à la tête de la trentaine de moines de l’abbaye, célèbre avec l’évêque de Coutances, le 2 septembre, la consécration de la nouvelle église paroissiale dédiée à saint Jacques le Majeur qu’il vient de faire construire sur les deniers du monastère. Le chœur a été édifiée sur les fondations d’une première église , du XIIe siècle (dont on a retrouvé trace dans les travaux de restauration effectués après les destructions de 1944). Pourquoi saint Jacques, compagnon du Christ et premier apôtre exécuté pour sa fidélité ? A cause de la popularité du pèlerinage à Compostelle en Espagne, au tombeau de l’apôtre, et parce que Montebourg se trouve sur le chemin des pèlerins anglais qui débarquent à Barfleur. L’église est parvenue jusqu’à nos jours dans sa pureté primitive, malgré les blessures de la bataille de Montebourg en juin 1944.