Ils
ont gardé le titre du magasin, « Au Bénéfice de la Ménagère », et ils
en ont fait leur slogan. « Mes prédécesseurs étaient réputés pour la
qualité de leur magasin, a expliqué Laurent, je me suis d’emblée situé en
continuité, avec la ferme intention de développer les propositions à la
clientèle ». Il avait 32 ans. Depuis, le magasin n’a cessé d’évoluer et
s’est construit une belle réputation qui dépasse, et de loin, la clientèle
montebourgeoise.
Entre
tradition et exotisme
Laurent
aime à dire que son magasin est une invitation au voyage, voyage gourmand au
cœur du Cotentin et de toute la Normandie, tour de France des vins et des
fromages avec quelques escapades goûtues en Suisse pour ceux-ci, fruits et
épices des pays du soleil, et surtout les whiskies d’Ecosse, et pourquoi pas du
Japon, les Bourbons américains et les rhums des Caraïbes et d’Amérique
Centrale.
Les
fruits, les légumes, l’épicerie fine
Les
fromagesLa cave à vins
Les whiskies
Les rhums
Le coin des Normands
Les fruits, les légumes et l’épicerie fine
Ce
qu’on voit au premier pas posé sur le seul de la boutique, c’est la
présentation des fruits et des légumes, d'ici et d'ailleurs, frais,
appétissants, irrésistibles, sagement rangés dans des caissettes de bois.
Laurent privilégie les légumes de la région : pommes de terre de
Brillevast ou de Montebourg (dans de jolis paniers en osier), poireaux, navets
et carottes du Val-de-Saire… De même avec les fruits : « ce sont le
plus possible des fruits de la région, à chaque saison ».
Légumes
et fruits, il les présente à la demande dans des petites brouettes d'enfants
(des jouets d'autrefois, en bois, pour jardiniers en herbe), voire dans des
petits camions en bois qu’il construit lui-même qu'il garnit pour les
réceptions. Effet garanti !
Quant
à l’épicerie fine, c’est le rayon de Mélanie, une jeune femme d’Amfreville,
fille de commerçants : elle y a débuté pour préparer son CAP, puis elle y a
obtenu son bac pro au groupe FIM. Elle en est à sa sixième année au magasin
comme employée. Dans son inventaire de bonnes choses, on trouve des
légumes en bocaux, des terrines, des sardines, des rillettes de poisson dont
celles de truites de Saint-Martin-d’Audouville, un choix de pâtes italiennes,
des risottos, et bien sûr toutes sortes d’épices, d’aromates. Du côté des
douceurs, après les confitures et le miel de Normandie, les caramels Dupont
d’Isigny (dont la fabrique est à Carentan), des chocolats, comme « le tas
de sel », d’une chocolaterie d’Anjou, des gâteaux, en particulier ceux de
Quinéville dont de fameux sablés à quatre parfums en forme de boutons appelé
non sans humour « les boutons de la Manche » !
Les fromages
Ils
sont par dizaines dans la boutique (jusqu'à 80 à la période de Noël), et
Laurent prend son plaisir à les dénicher, à les ramener ici et à en faire partager
la saveur typée : parmi les fromages à la coupe, le gruyère suisse est un
de ceux auxquels on ne résiste pas. Mais il a un tout nouveau concurrent, le
Kalbach, suisse aussi, un fromage de vache crémeux, exceptionnel.
L’Ossau-Iraty, de la vallée d’Aspe dans le Béarn, est apparu aussi sur le
plateau à fromages du magasin qui n’oublie pas les locaux comme le camembert
Gaslonde, fait avec du lait de vache normande, le pavé d’Isigny, la Trappe de
Bricquebec, le petit Liesvillais et le crottin des Alpines de Moyon (deux
chèvres), les classiques au lait cru, Livarot et Pont-l’Evêque, et même un
« grand Réo », un camembert à la coupe.
Laurent,
dans sa boutique, aime faire partager les plaisirs du palais à ses clients, qui
ne demandent pas mieux de se laisser convaincre par une jolie phrase sur un
fromage inattendu : « J'essaie, dit-il, de faire découvrir à mes clients des
variétés peu connues». Quand il s'est montré convaincant, il lui arrive souvent
d'être sollicité pour confectionner des plateaux de fromages pour les fêtes de
famille, les mariages, les baptêmes…
Et
pour mieux mettre en valeur ses fromages, Laurent va leur réserver
prochainement une vitrine particulière.
La cave à vins
Pour
chaque fromage, Laurent sait conseiller le vin qui convient, rouge ou
blanc : un regard en silence qui suit les rayonnages, et puis, une
bouteille sort de sa case. C’est le bon. Laurent les a goûtés, il les a
choisis, il sait. Jugement sûr.
Laurent
aime les vins des producteurs locaux, les bordeaux de Fronsac, du château de
Chainchon, région du Castillon, en blanc, le muscadet du pays nantais.
« Les producteurs, c’est ce qui m’intéresse » souligne Laurent. Sa
cave est ainsi pleine de nuances, et présente une riche palette des vins
français.
Si
l’on voit sur certaines bouteilles des étiquettes vertes, c’est que des vins
bio sont à vendre chez lui. Pour l’instant, il a un choix d’une dizaine de
produits de toutes les régions de cru. C’est un secteur qui va progresser.
Le
cidre n’en est pas pour autant oublié . La préférence de Laurent va aux
cidres Hérout, d’Auvers, extra brut, brut, « cuvée d’honneur ». Ces
cidres ont maintenant la légitimité AOC du Cotentin, conquise de haute lutte
avec une douzaine d’autres producteurs (Marie-Agnès Hérout y a gagné la Légion
d’Honneur, récompense de sa ténacité). Mais Laurent fait aussi de la place à M.
Corbin, producteur de cidre installé à Eroudeville, et qui, outre son cidre et
son pommeau, propose un délicieux « Cœur de pomme » qui devrait se
tailler un large succès.
Et
puis, Laurent a son rayon bières, celles produites en Normandie. Juste retour
des choses puisqu’avant l’apparition du cidre sur les tables, la Normandie
fabriquait de la cervoise… Deux bières normandes sont en vente dans le magasin,
l’Odon (d’Aunay-sur-Odon, dans le Calvados), la Chinquante, de Quettehou, et
une troisième pour bientôt, la bien fabriquée à Sainte-Mère-Eglise.
Les whiskies
Laurent
et Emmanuelle, épiciers du pays du cidre, en prenant leur boutique l'été 2003,
ont agrandi leur cave à vins, et surtout leur cave à whisky : « C'est surtout
le rayon whisky que j'ai développé. Je suis amateur, et, quand on aime, c'est
beaucoup plus facile à vendre », assure Laurent. Il y en avait déjà au temps de
Jean-Pierre Hamel, un de ses prédécesseurs. Mais, au fil des années, Laurent a
aligné de nouvelles rangées pour aboutir à 300 sortes de whisky, principalement
des whiskies écossais, « parce que ce sont ceux que préfèrent les clients ».
Parce que ce sont ceux qui, pour lui, ont le plus d'authenticité, le plus de
personnalité. Il a déniché ceux qu'il préfère dans une île d'Écosse, l'île
d'Islay, située à l'Ouest, face à l'Irlande du Nord, de loin la région
productrice de whisky la plus courue par les amateurs de single malt. Le whisky
single malt, obtenu à partir d'orge maltée, est issu d'une seule et même
distillerie, distillé dans des alambics de cuivre, titrant un minimum de 40°,
vieilli obligatoirement en fût de chêne pendant au moins trois ans, et
exclusivement en Écosse. Des whiskys iodés, « tourbés », parce que le malt est
séché à la tourbe qui se consume et qui imprègne de son parfum le futur nectar.
Certes, les amateurs peuvent trouver d’autres types de whiskies, des Irlandais,
des Bourbons made in USA, des Japonais, et un peu de whisky français distillé
dans différentes régions, à Aubagne, en Bretagne…
À
la tirette
Dans
la boutique d'Emmanuelle et de Laurent trônent neuf grosses bonbonnes pleines
de liquide doré. Au bas de chacune, un petit robinet : le client, amateur de
whisky, lorsqu'il a acheté sa première bouteille, peut revenir avec pour «
refaire le plein ». Et ceux qui y ont goûté n'y manquent pas. Ces whiskies « à
la tirette » sont tous écossais, mais différents. « Le terroir est important,
c'est lui qui fait la différence. » Il y a les doux, les forts, les iodés, les
fumés… « C'est un vrai succès. » Laurent ne veut pas le dire, mais il a au
moins l'une des meilleures caves de la région. Avec des raretés.
Les rhums, le soleil dans la boutique
Il
n'y a pas que le whisky dans la vie : Laurent collectionne aussi, pour le
plaisir des clients, un autre nectar, le rhum, des blancs, des ambrés, pour
petits punchs comme pour siroter purs. 120 sortes de rhums ! C’est le soleil
dans le magasin.
Il
y a les rhums agricoles, qui sont une spécialité des Antilles françaises,
Martinique et Guadeloupe, et de l’île de la Réunion. Ces rhums, toujours
choisis par Laurent, sont produits par la fermentation du jus de canne à sucre.
Les
autres rhums, traditionnels, sont à base de mélasse, le moût qui reste des
cannes pressurées. Ceux-là proviennent d’Amérique Centrale : du Venezuela,
de Colombie, du Costa Rica, de Saint-Domingue, de la Barbade, une île des
Caraïbes sous la couronne d’Elizabeth II. Mais Laurent en présente également
venant des Philippines, là-bas, au bout de l’Asie.
Trois
rhums classiques, un blanc de la Guadeloupe, un Jamaïcain et un troisième de La
Trinidad, une autre île des Caraïbes, s’alignent en bocaux à côté de dix rhums
« arrangés », avec des fruits macérés: les rhums à la tirette ont
aussi leurs amateurs.
On
décrit ? « Mieux vaut venir déguster au magasin », dit Laurent, sûr que ces
petites gorgées vont convaincre le client par la qualité du produit goûté : «
Il faut savoir perdre un mouchoir pour récupérer un drap », un dicton du pays
de Laurent qui l'applique en bon commerçant. Avec succès.
Le coin des Normands
Résumons-nous.
Laurent fait la part belle aux producteurs locaux :
-
les œufs de l’élevage de Frédéric Gervais à Montebourg, hameau de Vinehay.
-
les rillettes de truite de l’élevage de Saint-Martin-d’Audouville.
-
les cidres, pommeaux, apéritifs, vinaigres de cidre Corbin d’Eroudeville et
Hérout d’Auvers.
-
les fromages de la chèvrerie de Liesville-sur-Douve.
-
la crème fermière de Tessy-sur-Vire.
-
les gâteaux de la biscuiterie de Quinéville.
Sans
compter les légumes et les fruits qui, à chaque saison, sortent du
Val-de-Saire.
Le
magasin « Au Bénéfice de la Ménagère » est aussi une belle vitrine du
savoir-faire des gens du Cotentin.
Jours et horaires d’ouverture
Du Mardi au Samedi de
8h15 à 19h30Dimanche 9h à 12h30
Fermeture le Lundi