Les whiskys de Laurent Sauvage

Laurent Sauvage et Emmanuelle, son épouse, qui, depuis sept ans à Montebourg, ont fait de leur boutique Au bénéfice de la ménagère une antichambre de la gourmandise. Ils sont du Calvados. Calvados, calva… Pourtant, leur spécialité, à eux, entre les légumes, la poire et le fromage, c'est plutôt le whisky. Pas très cassin tout de même…
 


Laurent et Emmanuelle vendent les petits Montebourg des Maîtres Laitiers, Montebourg oblige. Ils ont aussi de la crème fermière, toute une carte de légumes et de fruits d'ici et d'ailleurs, frais, appétissants, irrésistibles. Et des dizaines de sortes de fromages (jusqu'à 80 à la période de Noël), principalement des fromages à la coupe, aux noms de saints du calendrier, Saint-Marcellin, Saint-Félicien, ou singuliers comme ce vieux gruyère suisse. « Extra ! », commente Laurent, l'oeil gourmand. Laurent, dans sa boutique, aime faire partager les plaisirs du palais à ses clients, qui ne demandent pas mieux de se laisser convaincre par une jolie phrase sur un fromage inattendu : « J'essaie, dit-il, de faire découvrir à mes clients des variétés peu connues, sinon, à force, ils se fûtent (traduction : ils se lassent) ». 



Quand il s'est montré convaincant, il lui arrive souvent d'être sollicité pour confectionner des plateaux de fromages pour les fêtes de famille, les mariages, les baptêmes… De même avec les fruits. Il a même des petites brouettes d'enfants (des jouets d'autrefois, en bois, pour jardiniers en herbe) qu'il remplit de fruits pour les réceptions. Effet garanti !
                                                                                                                                                                                                                                                                                                       

 Les whiskys de Laurent viennent d'Écosse



Mais ces épiciers du pays du cidre, en prenant leur boutique l'été 2003, ont agrandi leur cave à vins, et surtout leur cave à whisky : « C'est surtout le rayon whisky que j'ai développé. Je suis amateur, et, quand on aime, c'est beaucoup plus facile à vendre », assure Laurent. Il propose 100 sortes de whisky, principalement des whiskys écossais, « parce que ce sont ceux que préfèrent les clients ». Parce que ce sont ceux qui, pour lui, ont le plus d'authenticité, le plus de personnalité. Il a déniché ceux qu'il préfère dans une île d'Écosse, l'île d'Islay, située à l'Ouest, face à l'Irlande du Nord, de loin la région productrice de whisky la plus courue par les amateurs de single malt. Le whisky single malt, obtenu à partir d'orge maltée, est issu d'une seule et même distillerie, distillé au minimum deux fois dans des alambics de cuivre, titrant un minimum de 40°, vieilli obligatoirement en fût de chêne pendant un minimum de trois ans, et exclusivement en Écosse. Des whiskys iodés, « tourbés », parce que le malt est séché à la tourbe qui se consume et qui imprègne de son parfum le futur nectar.


 Dans la boutique d'Emmanuelle et de Laurent trônent six grosses bonbonnes pleines de liquide doré. Au bas de chacune, un petit robinet : le client, amateur de whisky, lorsqu'il a acheté sa première bouteille, peut revenir avec pour « refaire le plein ».
                            

Et ceux qui y ont goûté n'y manquent pas. Laurent propose six whiskys écossais « à la tirette », différents. « Le terroir est important, c'est lui qui fait la différence. » Il y a les doux, les forts, les iodés, les fumés… « C'est un vrai succès. » Laurent ne veut pas le dire, mais il a au moins l'une des meilleures caves de la région. Avec des raretés.
Mais il n'y a pas que le whisky dans la vie : Laurent collectionne aussi, pour le plaisir des clients, un autre nectar, le rhum, des blancs, des ambrés, pour petits punchs comme pour siroter purs. Ils viennent du Vénézuéla, de Coba, d'Haïti et de sa voisine dominicaine, de Martinique également. On décrit ? « Mieux vaut venir déguster au magasin », dit l'épicier cassin, sûr que ces petites gorgées vont convaincre le client par la qualité du produit goûté : « Il faut savoir perdre un mouchoir pour récupérer un drap », un dicton du pays de Laurent qui l'applique en bon commerçant. Avec succès.

Jean Margueritte