Les bâtiments monastiques

Le réfectoire et la cuisine.

Le réfectoire et la cuisine
 Dans les monastères bénédictins, l'axe du réfectoire est généralement parallèle à celui de l'église, à l'autre bout du cloître (c'est le cas à Montebourg). C'est une salle austère, qui comporte contre l'une de ses parois la chaire du lecteur, taillée dans la pierre, surélevée et éclairée d'une fenêtre. Pendant le repas pris en, silence, un semainier - moine de service de lecture tout au long de la semaine - lit l'extrait du jour de l'obituaire (le livre des bienfaiteurs et des anciens religieux de l'abbaye), un passage de la Bible, et il fait la lecture suivie d'un ouvrage de théologie ou de spiritualité.
Le réfectoire communique avec la cuisine par un guichet qui sert de passe-plats.




Le scriptorium, la bibliothèque

L'abbaye est un centre intellectuel. Les monastères médiévaux avaient leur scriptorium où les moines copiaient les manuscrits, et leur bibliothèque lorsque l'activité manuscrite s'est arrêtée avec l'avènement du livre imprimé.
Des ateliers d'écriture des moines normands sont sortis sur parchemin des œuvres splendides tout au long du Moyen Âge, bibles et évangéliaires, œuvres des Pères de l'Eglise, règles de saint Benoît, psautiers, antiphonaires, missels, sacramentaires, recueils de vies de saints, chroniques historiques de l'Eglise, du duché de Normandie, de l'abbaye elle-même avec la légende de sa fondation (Montebourg a écrit sa Légende de Notre-Dame de l'Etoile), coutumiers, documents administratifs dont le chartrier du monastère qui collectait toutes les chartes de donations et de confirmations de biens, avec, parfois des plans-terriers... Ces travaux, soignés, dont la plupart sont enluminés, illustrés de lettrines et d'images polychromées et dorées, sont conservés dans des fonds d'archives ou de bibliothèques publiques. Exemple: un psautier de Montebourg est conservé en à Oxford en Angleterre, une règle de saint Benoît rédigée en Normand dans notre abbaye se trouve à Vienne en Autriche, le cartulaire de l'abbaye rédigé au XIIIe siècle est à la Bibliothèque nationale de France à Paris...


Le dortoir des moines

Le dortoir des moines
Le dortoir ou plutôt les dortoirs, toujours à l'étage: dortoir des moines dans le prolongement du transept de l'église, dortoir des convers en parallèle à l'Ouest, dans le prolongement de la façade de l'église. La règle de saint Benoît, chapitre 22, interdit les chambres individuerlles. Au Moyen Âge, le dortoir commun est obligatoire. Les moines doivent coucher habillés, les reins ceints de corde ou de cuir, et se tenir prêts pour le signal du réveil.
Mais, dès le XVe siècle, les dortoirs sont cloisonnés de box avec des rideaux fermant la "chambre" ainsi obtenue du côté de l'allée. Peu à peu, les dortoirs sont remplacés par des cellules individuelles, voire de véritables chambres où le religieux trouvait non seulement le repos, mais aussi dans laquelle il se livrait à la lecture et à l'étude personnelle. En 1677, le dortoir étant en très mauvais état, l'abbé faisait réaménager six chambres à l'étage des moines.

L'escalier de nuit relie le dortoir à l'église: il conduit la plupart du temps au transept. Cet escalier permet aux moines d'atteindre rapidement et commodément le chœur pour l'office de nuit. De modeste dans les abbayes médiévales, il devient monumental dans les abbayes reconstruites au XVIIe et au XVIIIe siècle. A Montebourg, il y a un problème difficile à résoudre pour les moines: la salle du chapitre est, comme dans beaucoup d'abbaye, au rez-de-chaussée du dortoir des moines. Or, la salle capitulaire c'est autre que la chapelle Notre-Dame de l'Etoile, premier oratoire de la communauté à ses débuts fin XIe-début XIIe siècle. la chapelle, voûtée, entrave le passage direct vers l'église. Ils sont donc obligé de passer par le cloître pour aller à l'église. En 1677, il est proposé de percer un passage en hauteur dans la chapelle, sorte de jubé, qui permettrait d'accéder par l'escalier directement au transept sans avoir à affronter l'ait vif de la nuit voire les intempéries pour se rendre à l'église... On ne saura jamais si ces travaux ont été réalisés.


Le bâtiment des convers

Dans l'abbaye médiévale, les convers ont un rôle indispensable dans l'exploitation du domaine monastique et dans la vie matérielle quotidienne: un texte du XIIIe siècle évoque le rôle d'un frère convers travaillant au domaine que possède l'abbaye de Montebourg à Fontenay-sur-le-Vey: il est chargé de diriger les labours et de fabriquer les fers des ânes qui tirent la charrue; un autre texte, du XIVe siécle, montre les frères convers de Montebourg travaillant avec des ouvriers à essarter une forêt sur un autre domaine de l'abbaye à Benoitville près des Pieux. Ils sont maçons, forgerons, artisans, meuniers, palfreniers, laboureurs, éleveurs.... Ils sont boulangers, cuisiniers, font la bière, pressent les pommes pour le cidre.... Leur quartier se situe dans l'aile ouest du monastère, parallèle au dortoir des moines.  Au rez-de-chaussée de leur dortoir se trouve la plus souvent le cellier. 
A partir du XVe siècle, les convers disparaissent: certaines tâches sont affermées à des laïcs (le moulin, la boulangerie, l'exploitation agricole), d'autres sont assurées par des domestiques. Et, la plupart du temps, la résidence de l'abbé est édifiée sur le rez-de-chaussée du bâtiment, ou le remplace complètement. C'est le cas à Montebourg.